Après treize ans de recherches obstinées, les plongeurs amateurs du club de Dunkerque sont parvenus à localiser deux nouvelles épaves, coulées le 1er juin 1940 au large de Malo, en pleine Opération Dynamo : la « Lady Rosebery » et la « Doris ».
Dans Cendrillon, le prince, guidé par le souvenir fugace mais délicieux d’une danse avec sa belle, remue ciel et terre pour la retrouver. L’histoire de Bruno Pruvost, chercheur d’épaves, et du club de plongée de Dunkerque, fleure bon le conte de fées, elle aussi. À cette différence que la « belle », croisée en 2006 lors d’une plongée d’à peine quinze minutes, avait l’allure d’un « monticule au fond de l’eau, d’environ un mètre de hauteur, amas de sable, de filets colmatés au fil du temps, d’organismes sous-marins, d’où émergeaient des ossatures en bois ».
Bruno Pruvost avait flairé qu’il s’agissait là d’un précieux morceau d’histoire : l’épave de la Lady Rosebery, et peut-être celle de la Doris, deux des trois barges qui escortaient le remorqueur Saint-Fagan, le 1er juin 1940, dans son opération de rembarquement entre Douvres et Dunkerque (lire par ailleurs). Le Saint-Fagan, ayant sauté sur une mine à 3 h 50 du matin, avait été coulé par le fond, entraînant dans son naufrage la Lady Rosebery et la Doris, qui n’avaient jamais été précisément localisées.
« Depuis 2006, impossible de retrouver l’endroit », rageait Bruno Pruvost, qui évoque des conditions de plongée difficiles. « Au large de Dunkerque, il y a beaucoup de courant, sauf au moment de l’étale (entre deux marées), qui ne dure qu’une vingtaine de minutes. » Pas toujours suffisant pour explorer correctement des fonds marins – le « monticule » se trouvant à 28 mètres de profondeur – dans des eaux opaques où l’on ne distingue rien à plus d’un mètre…
Depuis 2006, les plongeurs amateurs du club de Dunkerque ratissaient la zone du naufrage du Saint-Fagan, à la recherche des deux barges qui avaient coulé avec lui, dans la nuit du 1 er juin 1940.
Les plongeurs amateurs dunkerquois ont pourtant persévéré. En 2016, ils obtiennent le renfort d’un spécialiste de la recherche d’épaves, André Lorin, dont le magnétomètre, un instrument de pointe, permet de repérer les éléments métalliques gisant au fond de l’eau. « On cherchait le moteur de la Lady Rosebery », poursuit Bruno Pruvost.
Une quarantaine de points sont repérés au large de Malo. Le club sollicite et décroche l’autorisation du Drassm (département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines, implanté à Marseille) pour les explorer, un par un, deux ans durant. En vain.
En 2019, sur les indications d’un pêcheur à la retraite, Bruno Pruvost s’oriente vers une nouvelle piste. Bingo. Les plongeurs remontent une assiette intacte, une fiole, une brique, et surtout une hélice, preuve de la présence de la Lady. Aussi irréfutable que la pantoufle de vair de Cendrillon !
La petite hélice retrouvée par les plongeurs a permis d’identifier la Lady Rosebery, dont on ne sait que peu de choses, le journal de bord ayant été perdu lors du naufrage.